dimanche 28 janvier 2018

faire l'appel des abandonné.e.s



Nés sous ma plume, ils/elles n’ont vécu qu’un bout de page voire une ligne. Feuilletant mes carnets, je les rassemble ici, je fais l’appel pour qu’ils répondent Présent.e encore une fois. 

            - Vertige Vega
            - La Sauterelle devineresse
            - Celle-qui-veille au grain
            - Celle dont-on-ne sait-presque rien
            - Sophie Garidelle
            - Patience Lescalier
            - le Blob
            - Le Preneur-de-premier train venu
            - Le Verseur-d’huile-sur-le-feu
            - Le Pris-au-sérieux


Quant à Aimé Brouillard et Paul Persil, ils dorment du sommeil de l’injuste, attendant mon bon printemps. La Mensongeuse et Brèche-blanche sont plongées dans mon coma. Vassi et Baba sont en voyage. Les ogresses m'appellent.


dimanche 7 janvier 2018

un vent à décorner les boeufs

photo Philippe Marc


vent à délivrer des secrets hurleurs
vent assoiffé n’a pas d’odeur
vent à sauter sur les tables
vent à renverser les pouvoirs

soudain sur la colline… plus rien


jeudi 4 janvier 2018

cut-up 18 (avec références)

Je paie aujourd'hui mes dettes. Après le cut-up, les titres et les auteurs/autrices parmi lesquel.le.s j'ai fait mon petit marché.

C’est la réalité qui éveille les possibilités, et vouloir le nier serait parfaitement absurde. Elle nous invite à sortir de nous-mêmes.
Là, devant moi, à ma hauteur, immédiate, réelle cette femme grandeur nature, assise sur une chaise bancale dans une maison emportée par un déferlement de boue.
Sa chair a cessé de trembler.
Alors tout le capharnaüm du jour affamé recommence.

Et soudain, elle n’est plus nulle part.
L’HOMME ÂGÉ. Euh je sais pas.
Dans le quartier, nous aimons bien ce vieil homme solitaire.
Foutaises.
Ils m’ont appelée la Rouge Bête.

Le même geste.
J’ai déposé la petite feuille de persil sur la table de nuit.
En voyage, je me fais des surprises, par exemple, je décide à un moment où je ne m’y attendais pas que le voyage est terminé.
Ce voyage alors ? dit Rosette

Il découlera de cette réflexion qu’il y a deux façons de prouver que l’homme est en trop au théâtre.
si humaine animalerie de la chose
les mots d’homme qu’on n’aimait pas, jouir, branler
ceux appris durant les études, qui donnaient la sensation de triompher de la complexité du monde. L’examen passé, ils partaient de soi plus vite qu’ils n’y étaient entrés.
Pas mieux, pas pis, pas de changement.

                                                                                 

                                                          

C’est la réalité qui éveille les possibilités, et vouloir le nier serait parfaitement absurde. Musil, L’homme sans qualités t.1
Elle nous invite à sortir de nous-mêmes. Barney Norris, Ce qu’on entend quand on écoute chanter les rivières
Là, devant moi, à ma hauteur, immédiate, réelle cette femme grandeur nature, assise sur une chaise bancale dans une maison emportée par un déferlement de boue. Don DeLillo, Zero K
Sa chair a cessé de trembler. Jean-Luc Seigle, Femme à la mobylette
Alors tout le capharnaüm du jour affamé recommence. Thomas Vinau, Le camp des autres

Et soudain, elle n’est plus nulle part. Jean-Claude Ameisen, Sur les épaules de Darwin - Les battements du temps
L’HOMME ÂGÉ. Euh je sais pas. Joël Pommerat, Pinocchio
Dans le quartier, nous aimons bien ce vieil homme solitaire. Kaouther Adimi, Nos richesses
Foutaises. Koltès, Quai Ouest
Ils m’ont appelée la Rouge Bête. Pierre Pelot, Debout dans le tonnerre

Le même geste. Laurent Gaudé, Eldorado.
J’ai déposé la petite feuille de persil sur la table de nuit. (Maurice Roche, Un petit rien-du-tout tout neuf plié dans une feuille de persil.)
Ce voyage alors ? dit Rosette (Noëlle Renaude, La PetiteMaison)

Il découlera de cette réflexion qu’il y a deux façons de prouver que l’homme est en trop au théâtre. (Michel Corvin, L’Homme en trop – L’abhumanisme dans le théâtre contemporain)
si humaine animalerie de la chose (Anna jouy, Agrès acrobates)
les mots d’homme qu’on n’aimait pas, jouir, branler
 ceux appris durant les études, qui donnaient la sensation de triompher de la complexité du monde. L’examen passé, ils partaient de soi plus vite qu’ils n’y étaient entrés. (Annie Ernaux, Les Années)
Pas mieux, pas pis, pas de changement. (Samuel Beckett, Oh les beaux jours suivi de Pas moi)





mercredi 3 janvier 2018

cut-up 18

photo Philippe Marc 


Comme pour le cut-up17, j’ai réalisé celui-ci avec 18 phrases ou fragments extraits de la page 18 de bouquins de ma bibliothèque ou de ma table de travail. J’ai essayé de ne prélever que des phrases au présent ou du moins en énonciation présent, à une exception près. D’aucuns diront que je perds mon temps - peut-être à juste raison (toujours surprise par le temps et la tournure que ça prend) mais j’ai besoin de ça avant de retrouver la main heureuse. Les références seront publiées ultérieurement, vous pouvez donc jouer...

C’est la réalité qui éveille les possibilités, et vouloir le nier serait parfaitement absurde. Elle nous invite à sortir de nous-mêmes.
Là, devant moi, à ma hauteur, immédiate, réelle cette femme grandeur nature, assise sur une chaise bancale dans une maison emportée par un déferlement de boue.
Sa chair a cessé de trembler.
Alors tout le capharnaüm du jour affamé recommence.

Et soudain, elle n’est plus nulle part.
L’HOMME ÂGÉ. Euh je sais pas.
Dans le quartier, nous aimons bien ce vieil homme solitaire.
Foutaises.
Ils m’ont appelée la Rouge Bête.

Le même geste.
J’ai déposé la petite feuille de persil sur la table de nuit.
En voyage, je me fais des surprises, par exemple, je décide à un moment où je ne m’y attendais pas que le voyage est terminé.
Ce voyage alors ? dit Rosette

Il découlera de cette réflexion qu’il y a deux façons de prouver que l’homme est en trop au théâtre.
si humaine animalerie de la chose
les mots d’homme qu’on n’aimait pas, jouir, branler
ceux appris durant les études, qui donnaient la sensation de triompher de la complexité du monde. L’examen passé, ils partaient de soi plus vite qu’ils n’y étaient entrés.
Pas mieux, pas pis, pas de changement.





mardi 2 janvier 2018

la main gauche écrite de la main droite


Travaillant de la main droite sur les tracas de la main gauche ou plutôt sur les conséquences d’une chute dans l’escalier et la dépendance que cela entraîne dans le quotidien, tu broies du noir ; d’abord, le temps que ça prend de taper sur le clavier avec une seule main, la droite – l’adroite, la maligne, la finaude – un petit paragraphe et puis cette main gauche – gonflée, pataude et bleue – soudain t’apparaît belle et digne d’intérêt – et c’est seulement maintenant que tu t’en rends compte. On t’apporte alors la radio du poignet et de la main gauche et tu ricanes bêtement à la vision décalée de la bague – que tu ne peux plus ôter du doigt – avant de t’extasier devant le cliché des os de cette main gauche au point de te demander si tu ne vas pas en faire tes cartes de voeux. Tu trouves poétique l’énoncé des résultats : fracture à trajet oblique non déplacée des régions diaphysométaphysaires proximales des 3ème et 4ème métacarpiens.

pincement dégénératif scapho-trapézien et trapézo-métacarpien. Moins poétiques les mesures à prendre – le médecin hésite entre un plâtre et une attelle, tu obtiens la dernière – cinq semaines d’arrêt de travail et surtout la bague à enlever, quitte à la sectionner… Ce n’est pas une bague de grande valeur, ambre enchâssée dans rectangle et anneau d’argent, mais offerte par ta maman, portée quotidiennement, ça t’ennuie grandement. Ta main droite demande grâce… Accordée.