dimanche 26 juillet 2015

Train movie sur le TER entre Miramas (9h59) et Sausset-les-Pins (10h42)

Marseille, gare Saint-Charles, le 23/07/15 


Sur les lunettes écrans – genre Ray-ban aviateur – d’une jeune passagère défile le paysage. Sur les verres miroirs tournés vers la vitre, des diagonales de lumière et d’ombre jouent un film parfois en couleur selon l’inclinaison de son visage. La route des rails s’étire à l’infini vers un point de fuite que fuit le train lancé à pleine vitesse.

Les verres détournés de la vitre réfléchissent une route de traits discontinus de lumière – néons du wagon – on se laisse aller à rêver la nuit en plein jour. Ralentissement du train, visage de nouveau tourné vers la vitre, on reconnaît la pointe d’un cyprès. Arrêt en gare, murs graffés/griffés/greffés – greffe de la couleur sur le gris, émaillés de couleurs, terre de ciel. Le train repart.

Train movie confortable sur la crête des rails. Ses verres reflètent un vert profond qui mord et entame l’argent du ciel en fusion. Parfois le ciel chavire. Tunnel de presque noir strié des traits discontinus des néons. Blanc éblouissant de la roche et rails argentés s’incurvant à l’infini. Yeux fermés, autres images, autres écrans. Doubles se redoublant dans un vertigineux télescopage de surfaces miroitantes. Passage d’images. Yeux ouverts. Écrans lunettes. Lignes gris clair qui quadrillent sans danser le paysage. Lignes de vitesse. Lignes de vie parallèles. Ne se rejoignant jamais.

Impression de ne jamais arriver. Ça n’arriverait pas. Jamais. Mouvement pur. N’être que ça. Et puis le bleu. La jeune fille a soulevé ses lunettes pour regarder la mer sans écran.

Haïku du voleur de feu appelé Rimbaud

Elle est retrouvée
Quoi ! Quoi donc ? – l’Éternité !
C’est la mer allée

Au-dessus du viaduc de Niolon, le 23/07/15 (de mon portable)




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