dimanche 7 septembre 2014

Rentrer, faire des croix |4

Cette image (et toutes celles qui suivent) grâce à l'œil de Philippe Marc que je remercie vivement.


Je te raconterai ce pays bleu blanc beige qui n’a pas de nom. Ou peut-être la Sauvargue. Les paysages de cette contrée tiennent à la fois du désert de Kalahari et de l’île Solitude dans la mer de Kara, de la Méditerranée ou de la Mer Blanche. Enfin j’imagine. Il est d’autant plus difficile de les caractériser qu’ils changent tout le temps. On a l’impression parfois d’être sur la banquise du grand Nord, parfois sur les dunes du grand Ouest. Difficile aussi de les délimiter, les frontières se déplacent sans arrêt, tout change sans cesse de place, même le haut et le bas. Le sol aussi est incertain. Il est imprudent de s’éloigner de la piste. On avance avec précaution sur une croûte de sel d’un marais asséché et soudain on s’enfonce dans la vase noire de la lagune. Les sables mouvants ne sont pas des légendes.



Je ne te raconterai pas le vent car le vent se raconte tout seul. Il souffle des histoires à faire peur et à soulever les caravanes. On a vu les campements des derniers nomades – détruits/reconstruits – soulevés et déplacés de deux ou trois lieues par la seule force du vent. Plus que les être humains, c’est le vent qui crée les formes de cette contrée improbable. Ici, les hommes semblent avoir perdu le combat contre la nature. C’est justement parce qu’ils ont considéré les choses comme un combat qu’ils ont perdu. La piste unique, creusée par les dernières grandes pluies du printemps, met à mal les véhicules.




Je ne te raconterai pas non plus les couleurs, les images de l’arpenteur y pourvoient amplement et bellement. En revanche, je te dirai ceci : ici, il y a de drôles d’oiseaux qui ressemblent aux maillets d’Alice et de la Reine de cœur lors de la partie de croquet. Tu ne me crois pas ? Tu dis que c’est un conte pour enfants ? Je te montrerai les images, tu verras… Pour l’heure, il est tard.





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