samedi 16 février 2013

lettre de Ben à Hugo


J’échoue beaucoup à échouer en ce moment. Cependant, malgré tous mes efforts, cela revient périodiquement les fourmis dans les doigts. Il y en a qui s’inquiètent. Il y en a qui demandent ce qui se passe. Il y en a qui ne me croient pas quand je dis que je réfléchis ou alors s’ils me croient, ils me disent que je ferais mieux d’écrire. Mais je ne peux pas faire les deux. C’est soit l’un soit l’autre. Ou écrire ou réfléchir. Ou réfléchir sur ce que j’ai écrit, mais après. Ça se complique encore plus quand je dois porter un jugement sur les écrits des élèves. Si je mets de plus en plus de temps à corriger, c’est que la notation me pose problème de plus en plus. Légère tendance à surnoter les plus faibles, quand ils essaient de (ou croient) répondre aux exigences du sujet. Ainsi, vous ne connaissez pas Ben, ses yeux bleus malicieux, son hyperactivité et son problème à se mettre à l’écrit. En cours, il n’a jamais son livre, il a une chaise sauteuse et dégringoleuse, il passe l’heure à déchiqueter du papier en confettis. À sa place, le cours terminé, c’est un sol de carnaval tout blanc, la chaise sauteuse bien maîtrisée est sagement rangée comme les autres sur sa table. Et bien Ben, il a voulu me faire plaisir et il l’a fait son expression écrite en temps limité. Il a écrit la lettre à Hugo –même si c’est le premier qui m’a fait remarquer qu’il était mort Victor Hugo – pour lui faire part de son point de vue sur Les Misérables et cette lettre me pose problème – oh pas les erreurs d’orthographe - j’ai d’abord souri – les erreurs de construction et le tutoiement m’ont émue - maintenant, je réfléchis. Je réfléchis et je ne peux pas écrire. J’ai cent-soixante-quatorze copies à corriger pendant les vacances.

Bonjour Monsieur Hugo,
Ton livre je ne l’aime pas trop car il n’y a pas de suspense à part au niveau des égouts (ce moment m’a plu).
Grâce à ton livre la justice a évolué. Il y a plusieurs lois comme : contre le travail des enfants, l’esclavage de toute personne, qu’il soit Français, Espagnol, Arabe ou Africain…
Ton livre a aussi baissé le taux de pauvreté. Il y a des associations comme les « Restos du cœur » qui les aident en été et en hiver pour la nourriture.
L’éducation des enfants est plus importante car si on les maltraite, ils vont en famille d’accueil, tout ça grâce à ton livre, Victor.
Mais fais moins de poèmes car je n’arrive pas à les apprendre.
Cordialement.
                                                                                                                     Ben.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire