bonne fugue geneviève

tu griffes coupes tailles creuses

déchires cette peau de l’apparence

qui tient dans la nuit

ce que poursuit ta soif

et retirée cette peau

c’est toi-même

que tu trouves

sur toi-même

que tu opères

sans fin tu griffes coupes

tailles creuses incises perfores

t’appliques à minutieusement

anéantir ce fatras

qui t’encombrait

opacifiait ton œil

pour désobstruer

la source

agrandir l’espace

faire jaillir

la lumière

            Juliet, L’autre chemin, Arfuyen, 1991, pp. 47-48

première photo de l'an

Et aussi…

Je souhaite à tous et toutes la belle fugue de Geneviève à Notre-Dame-des-Anges, son non clamé haut et fort, sa jeune et farouche liberté, son mépris du confort – plutôt se conforter à ce en quoi elle croit, vivre au dehors - son pas de guerrière en guerre contre les hommes d’argent, son aller sans retour, son aller plein d’allant, qui n’attend pas la rencontre mais va à la rencontre de.

Je souhaite à la mère de Geneviève de surmonter son chagrin de ne pas l’avoir à ses côtés et de savourer au contraire le bonheur et la fierté d’avoir mis au monde et élevé une telle fille, une jeune fille si libre… Je lui souhaite la paix, elle a fait du bon travail.

Je souhaite à Camille de ne rien regretter (ni la fugue, ni le retour)– tout le monde ne peut pas être Geneviève – de se réjouir d’avoir fait ce qu’elle a fait déjà – tout le monde n’est pas capable de partir ainsi, d’aller jusqu’au bout d’un geste – de prendre des forces dans sa famille, d’être en accord avec elle-même en défendant toujours Geneviève.

Je ne souhaite rien à Geneviève car elle va à tout ce qu’elle souhaite, elle y est déjà, pourtant je lui souhaite de savoir quand viendra le moment de se remettre en marche – mais j’ai confiance en son intuition

Je souhaite à tous d’avoir vécu la fugue de Geneviève et de la vivre encore – même si l’on est plus vieux, même si l’on est moins épris d’absolu, même si l’on a plus de doutes, car il existe tant de fugues à cheminer…

Bonne et heureuse année 2013 !